Rumex patientia

espèce de plantes dicotylédones

Rumex patientia, la Grande patience ou Épinard-oseille, est une espèce de plantes dicotylédones de la famille des Polygonaceae, sous-famille des Polygonoideae, originaire d'Eurasie.

C'est une plante herbacée vivace aux tiges dressées pouvant atteindre 1,5 à 2 mètres de haut. Elle se rencontre le long des cours d'eau, dans les vallées humides du niveau de la mer jusqu'à 4 000 mètres d'altitude. Elle s'est naturalisée dans diverses parties du monde, notamment en Amérique du Nord.

Les feuilles de Rumex patientia sont comestibles et peuvent se consommer comme des épinards.

Description modifier

 
Inflorescence.

Appareil végétatif modifier

Rumex patientia est une plante herbacée vigoureuse, à port dressé, qui peut atteindre 1 à 2 mètres de haut. Elle est vivace par sa racine pivotante profonde (environ 45 cm)[2], fibreuse, à chair jaune, atteignant jusqu'à 3 cm de diamètre.

Les tiges dressées, robustes, cannelées, de 80 à 150 cm (voire 2 mètres) de haut, sont ramifiées dans leur moitié supérieure.

Les feuilles basales, glabres, vert clair, au pétiole de 5 à 15 cm de long, présentent un limbe oblong ou oblong-lancéolé, de 15 à 30 de long sur 5 à 10 cm de large, à la base arrondie, largement cunéiforme ou subcordée, à la marge ondulée et à l'apex aigu à subaigu. Les feuilles caulinaires, courtement pétiolées ou presque sessiles, alternes, sont petites, lancéolées. Elles présentent une ochréa (gaine résultant de la fusion des stipules) fugace, membraneuse, de 2 à 4 cm de long[3].

Appareil reproducteur modifier

Les fleurs, bisexuées, verdâtres, sont densément groupées en une panicule compacte et rameuse. Elles sont portées par un pédicelle mince, articulé en dessous du milieu, à l'articulation renflée et légèrement infléchie chez le fruit. Elles présentent un périanthe composé de six tépales, un androcée comprenant six étamines et un gynécée formé de trois carpelles, à ovaire uniloculaire comprenant un seul ovule, surmonté de trois stigmates multifides. Les tépales externes, oblongs, mesurent environ 1,5 mm de long. Les tépales internes, subsistant sur le fruit, sont élargis. Ils présentent des valves largement cordées, de 6 à 7 mm de long, avec des tubercules étroitement ovales, à nervures nettes, à la base profondément cordée, à la marge entière ou indistinctement érodée, et à l'apex obtus[3].

Le fruit est un akène brun, brillant, de forme ovoïde trigone, à l'apex acuminé, long de 2,5 à 3 mm. Il est enveloppé par les tépales internes accrescents. Il contient une seule graine triangulaire de couleur rouge, de 1,5 mm de long[4],[3].

Caryologie modifier

Dans le genre Rumex, le nombre chromosomique de base est x = 10. L'espèce R. patientia est généralement hexaploïde avec 60 chromosomes (2n = 6x = 60), mais des spécimens tétraploïdes (40 chromosomes) et octoploïdes (80 chromosomes) ont également été signalés[5].

Distribution et habitat modifier

L'aire de répartition originelle de Rumex patientia s'étend dans une grande partie de l'Eurasie, de l'Italie à la Corée. Elle englobe notamment l'Europe centrale, orientale et méditerranéenne, les Balkans, la Russie, les régions de la mer Noire et du Caucase, l'Asie mineure, l'Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan), la Mongolie, la Chine (provinces de Gansu, Hebei, Heilongjiang, Henan, Hubei, Hunan, Jilin, Liaoning, Nei Mongol, Ningxia, Qinghai, Shaanxi, Shandong, Shanxi, Sichuan, Xinjiang, Xizang). L'espèce a été introduite et naturalisée en Amérique du Nord (États-Unis, Canada) et dans d'autres parties du monde : Europe occidentale, Scandinavie, Extrême-Orient russe, Sakhaline, Amérique du Sud (Colombie, Pérou), Malaisie[3],[6].

Cette plante pousse le long des fossés, des cours d'eau, dans les vallées humides, du niveau de la mer à 4 000 mètres d'altitude[3].

Taxinomie modifier

L'espèce Rumex patientia a été décrite en premier par Linné et publié en 1753 dans son Species plantarum 1: 333[7].

Étymologie modifier

  • Le nom générique, Rumex, est un substantif emprunté au latin Rumex, désignant une espèce de dard, en référence à la forme pointue des feuilles de certaines espèces de ce genre[8].
  • L'épithète spécifique, patientia, est la forme latinisée par Linné du terme français « patience ». Ce dernier est dérivé du latin lapathium, ou lapathum, emprunté au grec ancien λάπαθον (lápathon), qui désignait déjà ce type de plantes[8]. L'évolution phonétique du latin « lapathium » vers l'ancien français puis vers la forme moderne « patience », par attraction de « patience » au sens premier de « vertu », résulte de l'abandon de la première syllabe assimilée à l'article « la »[9].

Synonymes modifier

Selon World Flora Online (WFO) (13 novembre 2021)[10]

  • Acetosa patientia (L.) M.Gómez[6]
  • Lapathum hortense Garsault
  • Lapathum hortense Lam.
  • Rumex callosus (F. Schmidt ex Maxim.) Rech. f.
  • Rumex interruptus Rech. f.
  • Rumex patientia subsp. callosus (F. Schmidt ex Maxim.) Rech. f.
  • Rumex patientia subsp. interruptus Rech. f.
  • Rumex patientia subsp. pamiricus (Rech. f.) Rech. f.
  • Rumex patientia subsp. tibeticus (Rech. f.) Rech. f.
  • Rumex patientia var. callosus F. Schmidt ex Maxim.
  • Rumex patientia var. tibeticus Rech. f.* Rumex tibeticus Rech. f.

Sous-espèces et variétés modifier

Selon Tropicos (13 novembre 2021)[1] (Attention liste brute contenant possiblement des synonymes) :

  • sous-espèces :
    • Rumex patientia subsp. callosus (F. Schmidt ex Maxim.) Rech. f.
    • Rumex patientia subsp. graecus (Boiss. & Heldr.) H. Lindb.
    • Rumex patientia subsp. interruptus Rech. f.
    • Rumex patientia subsp. orientalis Danser
    • Rumex patientia subsp. pamiricus (Rech. f.) Rech. f.
    • Rumex patientia subsp. patientia
    • Rumex patientia subsp. recurvatus (Rech.) Rech. f.
    • Rumex patientia subsp. tibeticus (Rech. f.) Rech. f.
  • variétés :
    • Rumex patientia var. callosus F. Schmidt ex Maxim.
    • Rumex patientia var. tibeticus Rech. f.

Noms vernaculaires modifier

  • Patience, patience des jardins, patience des moines[11], grande patience[12], chou-de-Paris, épinard-oseille, parelle, épinard-immortel, épinard-perpétuel[13], oseille-patience, oseille-épinard[14], rumex patience[15].

Utilisation modifier

Plante alimentaire modifier

Les feuilles cuites se consomment comme des épinards. Leur saveur est douce, moins acide que celle de l'oseille commune, et rappelle celle de l'épinard[16],[4].

Dans la cuisine roumaine, les feuilles de la Grande patience sont utilisées pour préparer des rouleaux farcis à la viande[17] (cf. sarmale).

En Turquie, plusieurs espèces du genre Rumex (R. patientia, R. crispus, R. acetosella, R. obtusifolius), font partie des plantes dont les feuilles, récoltées dans la nature, sont consommées sous diverses formes, crues en salade, ou cuites en soupes, tartes, farcies, frites, etc[18]. Les grandes feuilles de certaines espèces de plantes sauvages dont la Grande patience, mais aussi par exemple Beta trigyna ou Rumex gracilescens servent à préparer un plat traditionnel turc cuit au four, le dolma, les feuilles étant enroulées autour d'un mélange de farce à base de riz et de viande hachée[19].

En France, l'emploi de cette plante est autorisé dans les compléments alimentaires[20].

Plante médicinale modifier

Les racines de la grande patience sont utilisées en herboristerie comme tonique, amer et dépuratif. Elles sont réputées riches en fer. Elles contiennent également des tanins et des dérivés anthracéniques[12].

Cette plante est citée dans le Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes de François-Joseph Cazin (1868) qui indique qu'elle était à l'époque cultivée dans les jardins pour usage médicinal[21].

Notes et références modifier

  1. a et b Tropicos.org. Missouri Botanical Garden., consulté le 13 novembre 2021
  2. Suzanne Amigues, Recherches sur les plantes : À l’origine de la botanique, Belin, , 414 p. (ISBN 978-2-7011-4996-7), p. 255-256.
  3. a b c d et e (en) « 12. Rumex patientia Linnaeus, Sp. Pl. 1: 333. 1753.  », sur Flora of China (consulté le ).
  4. a et b Marie-Pierre Arvy et François Gallouin, Légumes d'hier et d'aujourd'hui, Belin, coll. « Botanique », , 608 p. (ISBN 978-2-7011-8654-2), p. 342-346.
  5. (en) Anna Krahulcová, « Selected Chromosome Counts of the Czechoslovak Flora I », Folia Geobotanica & Phytotaxonomica, Springer, vol. 23, no 4,‎ , p. 375-381 (lire en ligne).
  6. a et b POWO. Plants of the World Online. Facilitated by the Royal Botanic Gardens, Kew. Published on the Internet; http://www.plantsoftheworldonline.org/, consulté le 13 novembre 2021
  7. IPNI. International Plant Names Index. Published on the Internet http://www.ipni.org, The Royal Botanic Gardens, Kew, Harvard University Herbaria & Libraries and Australian National Botanic Gardens., consulté le 14 novembre 2021
  8. a et b François Couplan, Dictionnaire étymologique de botanique, Delachaux et Niestlé, coll. « La bibliothèque du naturaliste », , 238 p..
  9. « PATIENCE² subst. fém. », sur CNRTL (consulté le ).
  10. WFO : World Flora Online. Published on the Internet : http://www.worldfloraonline.org., consulté le 13 novembre 2021
  11. (en) « Rumex patientia (RUMPA) », sur EPPO Global Database, OEPP (consulté le ).
  12. a et b Émile Perrot et René Paris, Les plantes médicinales, t. 1, Presses universitaires de France, , 119 p., p. 33.
  13. « Epinard perpétuel, Rumex patientia », sur Gerbeaud, (consulté le )
  14. Gaston Bonnier et Robert Douin (ill. Julie Poinssot), La grande flore en couleurs de Gaston Bonnier, t. IV, Belin / INRA, , 1401 p., p. 1006.
  15. « Rumex patientia L. », sur eFlore, la flore électronique de Tela Botanica (consulté le ).
  16. Michel Chauvet, Encyclopédie des plantes alimentaires, Paris, Belin, , 878 p. (ISBN 978-2-7011-5971-3, BNF 45594130), p. 570.
  17. (ro) Gabriela Cara, « Sarmale in foi de stevie », sur La lena - culinare, (consulté le )
  18. (en) Yunus Dogan, Suleyman Baslar, Gungor Ay et Hasan Huseyin Mert, « The Use of Wild Edible Plants in Western and Central Anatolia (Turkey) », Economic Botany, Springer, vol. 58, no 4,‎ , p. 684-690 (lire en ligne).
  19. (en) Isil Simsek, Fulya Aytekin, Erdem Yesilada et Şinasi Yildirimli, « An Ethnobotanical Survey of the Beypazari, Ayas, and Güdül District Towns of Ankara Province (Turkey) », Economic Botany, Springer, vol. 58, no 4,‎ , p. 705-720 (lire en ligne).
  20. « Arrêté du 24 juin 2014 établissant la liste des plantes, autres que les champignons, autorisées dans les compléments alimentaires et les conditions de leur emploi », sur Légifrance (consulté le ).
  21. François-Joseph Cazin, Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes : Avec un atlas de 200 plantes lithographiées, Paris, P. Asselin, , 3e éd., 1189 p. (lire en ligne), p. 741-742

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